Saviez-vous que la santé de votre intestin est étroitement liée aux billions de bactéries, virus, protozoaires et champignons qui y vivent ? Cet écosystème riche, appelé microbiote intestinal, a une capacité métabolique dépassant même celle du foie ! En tant que gastro-entérologue, voici 5 faits méconnus sur la santé intestinale que tout le monde devrait connaître.
L’intestin, acteur clé de l’immunité et de l’inflammation
Les recherches actuelles montrent que le microbiote joue un rôle crucial dans les fonctions immunitaires et les processus inflammatoires. Un microbiote équilibré, exposé aux bons germes dès la naissance, permet un système immunitaire stable, défendant l’organisme sans surréagir face à des éléments inoffensifs comme certains aliments. À l’inverse, un déséquilibre du microbiote, ou dysbiose, est lié à de nombreuses maladies chroniques : maladies cardiovasculaires, cancers, obésité, diabète, troubles auto-immuns et neurodégénératifs.
95% des Américains carencés en fibres
Le carburant principal du microbiote est constitué des fibres provenant d’une alimentation variée en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses et fruits à coque. Les bactéries intestinales digèrent ces fibres et produisent des métabolites bénéfiques comme les acides gras à chaîne courte, qui nourrissent la barrière intestinale, améliorent l’immunité et préviennent l’inflammation. Pourtant, au moins 95% des Américains n’atteignent pas les apports journaliers recommandés en fibres (38 g pour les hommes, 25 g pour les femmes).
La diversité alimentaire, aussi cruciale que la quantité
Au-delà de la quantité d’aliments complets consommés, la diversité des végétaux est essentielle pour un microbiote varié. Par exemple, les algues contiennent des fibres uniques absentes des plantes terrestres. Une étude de 2011 a montré que la diversité des fruits et légumes consommés était un meilleur prédicteur d’une inflammation réduite que la quantité absolue ingérée. Et en 2018, l’American Gut Project a révélé que les personnes mangeant au moins 30 plantes différentes par semaine ont une bien plus grande diversité microbienne que celles n’en consommant qu’une dizaine.
Les aliments « moches », bons pour le ventre et la planète
Chaque année, environ un quart des fruits et légumes américains sont jetés pour des raisons esthétiques (formes étranges, imperfections), contribuant au gaspillage alimentaire et au changement climatique. Pourtant, ces aliments « imparfaits » peuvent être encore plus nutritifs et anti-inflammatoires que leurs homologues attrayants. Les plantes cultivées avec moins de pesticides par exemple, produisent plus de nutriments bénéfiques en luttant contre les ravageurs, et moins de sucres. Bien que physiquement marquées par leurs combats, elles sont potentiellement plus saines pour notre microbiote.
Misez sur les aliments fermentés
Pour une personne en bonne santé, inclure des aliments fermentés dans son alimentation quotidienne, ne serait-ce que quelques cuillères à soupe, est très bénéfique pour la santé intestinale. Même s’ils contiennent moins de bactéries que les compléments probiotiques, les aliments fermentés offrent une plus grande variété d’espèces. Cela nous permet de consommer des familles de microbes naturellement sélectionnés qui coopèrent, augmentant nos chances de rencontrer une bactérie utile pour notre écosystème intestinal unique.
En résumé, le microbiote intestinal est impliqué dans une multitude de fonctions essentielles : digérer ce que nous ne pouvons pas, extraire énergie et nutriments, produire des vitamines, dégrader les toxines, nous défendre contre les pathogènes… En adoptant des gestes simples au quotidien, comme manger varié avec beaucoup de fibres et d’aliments fermentés, nous pouvons soutenir ces minuscules alliés qui font tant pour notre santé !