Après des décennies de controverses et de preuves scientifiques croissantes, les autorités sanitaires américaines ont finalement décidé d’interdire le colorant alimentaire Rouge N°3, un additif synthétique suspecté d’être cancérigène. Cette décision marque un tournant majeur dans la réglementation de la sécurité alimentaire, mettant fin à l’utilisation d’un produit chimique qui colore tout, des confiseries aux alternatives végétariennes à la viande, en passant par les médicaments, depuis plus d’un siècle.
Qu’est-ce que le Rouge N°3 ?
Le Rouge N°3, également connu sous le nom d’érythrosine, est un colorant alimentaire synthétique dérivé du pétrole qui donne aux aliments, boissons et médicaments une teinte rouge vif. Approuvé pour la première fois par la FDA en 1907, bien avant la mise en place de normes de sécurité rigoureuses, il est rapidement devenu un additif de prédilection dans les industries alimentaire et pharmaceutique. Son principal attrait réside dans sa capacité à rendre les produits plus attrayants visuellement, améliorant l’apparence de tout, des friandises aux médicaments du quotidien.
Aujourd’hui, on retrouve le Rouge N°3 dans une large gamme de produits, notamment les bonbons populaires comme les dragées et les jelly beans, les décorations de gâteaux colorées, et même certains médicaments tels que les traitements du TDAH et les pilules anti-acides. Il est également utilisé dans les viandes transformées, les desserts surgelés et les boissons aromatisées artificiellement.
Les préoccupations pour la santé
La principale inquiétude concernant le Rouge N°3 est son potentiel cancérigène. Des études menées à la fin du XXe siècle ont montré que de fortes doses provoquaient des tumeurs de la thyroïde chez les rats de laboratoire, ce qui a incité la FDA à interdire son utilisation dans les cosmétiques. En vertu de la clause Delaney, une politique exigeant que la FDA interdise les additifs ayant démontré un effet cancérigène chez l’homme ou l’animal, le colorant aurait techniquement dû être retiré des aliments et des médicaments. Pourtant, il est resté sur les étagères.
Plus récemment, une étude de 2021 menée par le Bureau Californien de l’Évaluation des Risques pour la Santé Environnementale a établi un lien entre les colorants synthétiques, dont le Rouge N°3, et des problèmes comportementaux comme l’hyperactivité chez les enfants. Bien que la FDA ait soutenu que les preuves actuelles ne démontrent pas de façon concluante un danger pour l’homme aux niveaux approuvés, les groupes de défense des consommateurs et les scientifiques ont fait pression pour que des mesures soient prises.
Un mouvement en faveur du changement
L’élan pour interdire le Rouge N°3 s’est accéléré ces dernières années. Il y a plus de deux ans, plus de 20 groupes de défense, dont Consumer Reports et l’Environmental Working Group, ont demandé à la FDA d’éliminer ce colorant de l’approvisionnement alimentaire. La Californie a montré l’exemple en interdisant ce colorant dans les aliments à partir de 2023, avec une conformité totale exigée d’ici 2027.
Les grandes marques ont commencé à s’adapter. Ferrara Candy Co. a entamé la reformulation de ses produits et General Mills s’est engagé à se conformer à la future réglementation californienne. Ce mouvement grandissant reflète une tendance plus large vers un examen minutieux des additifs artificiels dans notre alimentation.
Conclusion
La décision tant attendue de la FDA d’interdire le Rouge N°3 signale un changement dans la façon dont la sécurité alimentaire est réglementée aux États-Unis. Cette mesure pourrait ouvrir la voie à une réévaluation d’autres additifs controversés, comme le Rouge N°40 et les Jaunes N°5 et 6, qui ont également fait l’objet d’un examen minutieux pour leurs risques potentiels pour la santé.
Les fabricants de produits alimentaires ont jusqu’à janvier 2027 pour éliminer progressivement ce colorant de leurs produits, tandis que les sociétés pharmaceutiques ont jusqu’à janvier 2028 pour se conformer. En fin de compte, cette décision ne concerne pas seulement l’interdiction d’un colorant rouge vif, il s’agit de donner la priorité à la santé et de réduire l’exposition inutile aux produits chimiques. Et après plus de 30 ans, c’est un changement qui s’imposait depuis longtemps.