L’oubli occasionnel est courant, mais lorsque les pertes de mémoire s’aggravent avec l’âge, elles peuvent devenir préoccupantes. Le trouble cognitif léger (TCL) désigne ces oublis plus fréquents, sans pour autant perturber les activités quotidiennes. Cependant, le TCL peut être un signe avant-coureur de démence, une détérioration plus sérieuse de la mémoire et des facultés cognitives.
Jusqu’à présent, les études estimaient qu’environ 11 à 14% des hommes et 19 à 23% des femmes aux États-Unis développeraient une démence au cours de leur vie. Mais de nouvelles recherches, publiées en janvier 2025 dans Nature Medicine, remettent en question ces chiffres et prédisent une hausse alarmante des cas de démence dans les décennies à venir.
Une étude longitudinale de grande ampleur
Les chercheurs ont analysé les données de plus de 15 000 participants, âgés en moyenne de 55 ans au début de l’étude et suivis pendant 23 ans. Durant cette période, 3 252 cas de démence ont été diagnostiqués, par des examens cognitifs en personne, des entretiens téléphoniques et l’examen des dossiers médicaux.
Des résultats préoccupants
Selon les analyses statistiques, le risque de démence à vie, jusqu’à 95 ans, était de 42% à 55 ans. Ce risque restait faible entre 55 et 75 ans (environ 4%) mais augmentait drastiquement après 75 ans. Les femmes présentaient un risque plus élevé que les hommes (48% contre 35%), tout comme les adultes noirs par rapport aux blancs (44% contre 41%).
De plus, environ 50% des participants porteurs d’un gène APOE4 et 60% de ceux avec deux copies du gène ont développé une démence après 70 ans. En se basant sur ces chiffres, les chercheurs prédisent que le nombre annuel de nouveaux cas de démence passera de 514 000 actuellement à 1 million d’ici 2060, soit un doublement.
Quelles actions préventives adopter ?
Préserver la santé cérébrale est crucial à tout âge, car les changements cérébraux précurseurs de la démence débutent des décennies avant l’apparition des symptômes. Certaines maladies cardiaques comme la fibrillation auriculaire, les coronaropathies et l’insuffisance cardiaque augmentent aussi le risque de démence.
L’inflammation chronique est un autre facteur commun entre les maladies cardiaques et la démence. Adopter une alimentation anti-inflammatoire, riche en fruits, légumes, céréales complètes, protéines maigres, oméga-3 et épices, pourrait réduire jusqu’à un tiers le risque de démence chez les personnes déjà atteintes de diabète, maladies cardiovasculaires ou ayant eu un AVC.
Outre une alimentation saine, pratiquer une activité physique régulière, avoir un sommeil de qualité, gérer son stress et entretenir des liens sociaux sont autant de facteurs protecteurs de la santé cognitive sur le long terme. Bien que certains facteurs de risque soient non modifiables, comme l’âge et la génétique, adopter de saines habitudes de vie dès le plus jeune âge peut aider à préserver un cerveau en bonne santé.
Face à cette hausse prévue des cas de démence, miser sur la prévention apparaît comme la meilleure stratégie. En prenant soin de son cœur et de son cerveau au quotidien, il est possible de réduire significativement son risque de troubles cognitifs, pour vieillir en bonne santé mentale le plus longtemps possible.