Il n’est pas toujours aisé d’identifier nos réponses traumatiques, en particulier quand il s’agit de signes cachés. Comme l’explique le psychologue et expert en traumatologie Peter Levine : « Le traumatisme n’est pas seulement ce qui nous est arrivé, mais surtout ce que nous gardons enfoui en nous. » C’est pourquoi les manifestations des traumatismes sont souvent subtiles et difficiles à déceler. Voici trois réponses traumatiques courantes qui peuvent émerger d’expériences douloureuses stockées dans le corps ou l’esprit :
1. Des explosions verbales intenses et inexpliquées
Vous avez peut-être déjà vécu ces fortes réactions, communément appelées « réponses de déclenchement », face à quelque chose qui ne semblait pas mériter un tel emportement. Peter Levine donne cet exemple :
Si cela vous arrive, prenez note de ce que vous ressentez sur le moment et du contexte de la conversation ou de l’action qui vous a déclenché. Plus tard, une fois calmé, vous pourrez creuser un peu plus cette réaction et essayer de reconstituer ce qui a pu la provoquer.
Des questions à vous poser
- Quand ai-je déjà ressenti cela par le passé ?
- À quoi cette conversation ou action me fait-elle penser ?
- Ai-je déjà réagi ainsi à d’autres sujets ou situations similaires ?
2. Des tensions physiques apparemment aléatoires
Dans la même veine, il se peut que votre corps réagisse à un déclencheur plus que votre esprit conscient. « Vous savez, on est dans une situation avec quelqu’un et d’un coup on est en colère, ou notre ventre se noue, ou nos épaules se crispent… Ce sont des réminiscences de traumatismes », indique Peter Levine.
Toute manifestation physique d’anxiété ou de colère entre dans cette catégorie : sentir une boule dans la gorge ou l’estomac, avoir soudainement chaud, etc. Si cela se produit, vous pouvez suivre le même protocole que ci-dessus en vérifiant quelle est la situation, à quoi elle vous fait penser et comment votre corps et votre esprit y réagissent.
Les signes physiques à surveiller
- Tensions musculaires soudaines (mâchoire, épaules, ventre…)
- Accélération du rythme cardiaque
- Sensation de boule dans la gorge
- Nœud à l’estomac
- Bouffées de chaleur
3. Les liens traumatiques dans les relations
Beaucoup pensent que les trauma bonds (liens traumatiques) n’existent qu’entre la personne traumatisée et celle qui lui a infligé le traumatisme. Mais selon Peter Levine, ce terme va au-delà de ces définitions :
Que ce soit un trait de personnalité, un ton de voix, une ressemblance physique ou même une façon de vous faire vous sentir qui vous rappelle la personne qui vous a traumatisé par le passé, cela vaut la peine d’y prêter attention et de l’éviter si possible.
« Nous voulons être judicieux », dit Peter Levine à propos de l’identification de nouveaux amis ou partenaires. « Nous voulons prendre le temps d’apprendre à connaître quelqu’un et voir si c’est vraiment une personne nourrissante avec qui nous pourrions cultiver une amitié. » Ou si elle vous rappelle simplement quelqu’un du passé.
Quand ces liens traumatiques ne sont pas repérés, vous pouvez vous retrouver à répéter des schémas ou à fonder de nouvelles relations sur d’anciennes (qu’il s’agisse d’amitiés ou de relations amoureuses).
Remarque de l’éditeur
Faire face à un traumatisme n’est pas chose aisée et nécessite souvent l’aide d’un thérapeute, d’un psychologue ou d’un expert en guérison des traumatismes. En cas de doute, n’hésitez pas à demander de l’aide.
En résumé
Les traumatismes se manifestent de manière étrange, souvent difficile à repérer si l’on ne connaît pas au préalable les signes d’une réponse de déclenchement. En règle générale, notez mentalement (ou physiquement) lorsque vous pensez avoir vécu une réponse traumatique émotionnelle ou physique. En rassemblant les pièces du puzzle, vous aurez plus de chances de voir l’image complète. Pour en savoir plus sur la façon dont les traumatismes sont stockés dans le corps et comment s’en libérer, écoutez l’épisode complet du podcast avec Peter Levine.