Être une femme avec un TDAH, c’est souvent se sentir incomprise, débordée et épuisée. Pourtant, derrière ces difficultés se cache une force insoupçonnée et un potentiel immense. Le chemin vers un diagnostic et un traitement adaptés peut être long et sinueux, mais il en vaut la peine. Dans cet article, nous explorons les spécificités du TDAH chez la femme, les options thérapeutiques et des conseils pour mieux vivre avec ce trouble au quotidien.
Le TDAH au féminin : Un profil atypique
Contrairement aux idées reçues, le TDAH ne concerne pas uniquement les garçons turbulents et agités. Chez les femmes et les filles, il se manifeste souvent de façon plus subtile et internalisée :
- Rêverie diurne et difficultés de concentration
- Procrastination et difficultés d’organisation
- Hypersensibilité et labilité émotionnelle
- Faible estime de soi et sentiment d’imposture
Ces symptômes passent fréquemment inaperçus ou sont attribués à tort à d’autres troubles comme l’anxiété ou la dépression. Résultat : de nombreuses femmes ne sont diagnostiquées qu’à l’âge adulte, après des années de lutte et d’incompréhension.
Un cerveau différent, mais pas déficient
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui affecte le fonctionnement de certaines zones du cerveau, en particulier celles impliquées dans l’attention, la motivation et le contrôle des impulsions. Mais attention, cela ne signifie pas que le cerveau TDAH est défectueux ! Il fonctionne simplement différemment.
Les personnes TDAH ont souvent une créativité débordante, une grande empathie et une capacité à « hyper-focaliser » sur les sujets qui les passionnent. Avec un accompagnement adapté, ces différences peuvent devenir de véritables forces.
Poser le bon diagnostic : Un parcours du combattant ?
Obtenir un diagnostic de TDAH quand on est une femme relève souvent du parcours du combattant. Les critères diagnostiques actuels sont encore très centrés sur la présentation masculine du trouble, et de nombreux professionnels de santé ne sont pas suffisamment formés aux spécificités féminines.
Alors comment s’y retrouver ? La clé est de consulter un spécialiste du TDAH (psychiatre ou neurologue) qui saura prendre en compte l’ensemble de vos symptômes et expériences. N’hésitez pas à décrire en détail vos difficultés du quotidien, votre parcours scolaire et professionnel. Un bilan approfondi permettra d’écarter les autres diagnostics possibles et de poser le bon.
Un traitement multimodal pour un résultat optimal
Une fois le diagnostic établi, il est temps d’envisager les différentes options thérapeutiques. Le traitement du TDAH chez l’adulte repose sur une approche multimodale combinant médicaments, psychothérapie et aménagements du mode de vie.
Les médicaments (psychostimulants et non-stimulants) permettent d’augmenter la disponibilité de la dopamine et de la noradrénaline, deux neurotransmetteurs clés dans la régulation de l’attention et de l’impulsivité. Bien dosés et suivis, ils sont souvent d’une grande aide pour atténuer les symptômes invalidants du TDAH.
La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est une approche psychothérapeutique de choix pour apprendre à mieux gérer le TDAH au quotidien. Elle permet de travailler sur les pensées négatives, d’améliorer l’estime de soi et de mettre en place des stratégies concrètes d’organisation et de planification.
Les approches alternatives comme la méditation de pleine conscience, la sophrologie ou le neurofeedback peuvent aussi être intéressantes en complément. L’essentiel est de trouver ce qui vous convient le mieux, en fonction de votre personnalité et de votre mode de vie.
Repenser son mode de vie et ses habitudes
Au-delà du suivi médical, une bonne gestion du TDAH passe aussi par une révision en profondeur de son hygiène de vie et de ses habitudes quotidiennes. Voici quelques pistes pour vous aider :
- Instaurez une routine matinale et vespérale. Avoir des repères stables dans sa journée aide à structurer ses pensées et ses activités.
- Dormez suffisamment et régulièrement. Le manque de sommeil aggrave les symptômes du TDAH. Visez 7 à 9h par nuit, à heures fixes.
- Mangez équilibré, à heures régulières. Évitez les aliments ultra-transformés riches en sucres, privilégiez les protéines, les bons gras et les fibres. Prévoyez des en-cas sains.
- Bougez chaque jour, au moins 30 min. L’activité physique stimule les fonctions attentionnelles et exécutives. Trouvez un sport qui vous plaît et tenez-vous y.
- Aménagez votre environnement. Créez-vous un espace de travail épuré et organisé, utilisez des outils de planification (agenda, listes, post-its…), désencombrez régulièrement.
Gardez à l’esprit que ces changements prennent du temps à se mettre en place. Soyez indulgente avec vous-même, célébrez vos petites victoires et n’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches.
Briser les tabous autour du TDAH féminin
Le TDAH chez la femme reste un sujet encore trop méconnu et tabou. Pourtant, en parler librement est essentiel pour faire évoluer les mentalités et améliorer la prise en charge des personnes concernées.
Si vous êtes concernée, osez en parler à vos proches, au travail, à votre entourage. Rejoignez une association, participez à des groupes de parole, échangez avec d’autres femmes TDAH. Vous verrez que vous n’êtes pas seule à vivre ces difficultés et que des solutions existent.
En tant que société, nous avons encore beaucoup de progrès à faire pour mieux comprendre et inclure les personnes neuroatypiques. Mais les choses bougent, doucement mais sûrement. De plus en plus de femmes TDAH sortent du silence et témoignent de leur parcours, contribuant ainsi à faire évoluer les représentations.
Vous aussi, à votre échelle, vous pouvez faire bouger les lignes. En apprenant à mieux vous connaître, en assumant votre fonctionnement atypique, en sensibilisant votre entourage… Vous montrerez qu’une femme TDAH peut parfaitement s’épanouir et réussir sa vie, pour peu qu’on lui en donne les moyens. Alors ne lâchez rien, vous êtes sur la bonne voie !