La quête de sens et de transcendance a toujours été au cœur des préoccupations humaines. Mais où se loge exactement la spiritualité dans notre cerveau ? C’est la question fascinante sur laquelle se sont penchés des chercheurs de l’hôpital Brigham and Women’s. Leurs travaux, publiés dans la revue Biological Psychiatry, apportent un nouvel éclairage sur les bases neurobiologiques de la spiritualité.
À la recherche du circuit cérébral de la spiritualité
Pour localiser précisément le circuit cérébral responsable de la spiritualité, les chercheurs ont utilisé une méthode appelée « cartographie des réseaux de lésions ». Ils ont analysé les données de 88 patients ayant subi une neurochirurgie pour des tumeurs cérébrales, ainsi que celles de 105 patients présentant des lésions cérébrales.
Tous les participants ont rempli des questionnaires avant et après l’intervention chirurgicale, indiquant s’ils se considéraient comme spirituels. En comparant les réponses et en les mettant en relation avec les zones lésées du cerveau, les scientifiques ont pu identifier un circuit cérébral spécifique associé à la spiritualité.
Un circuit centré sur la substance grise périaqueducale
Le circuit cérébral de la spiritualité s’est avéré être centré sur une région du tronc cérébral appelée la substance grise périaqueducale (PAG). Cette zone comporte des nœuds positifs et négatifs. Lorsque les lésions perturbaient un nœud positif, les croyances spirituelles semblaient diminuer, et inversement. En revanche, lorsque les lésions touchaient un nœud négatif, cela augmentait la croyance spirituelle.
Ces résultats suggèrent que la spiritualité et la religiosité sont ancrées dans des dynamiques neurobiologiques fondamentales, profondément intégrées à notre « neuro-fabric », comme le souligne Michael Ferguson, co-auteur de l’étude. Les chercheurs ont été stupéfaits de constater que ce circuit cérébral de la spiritualité est centré sur l’une des structures les plus préservées au cours de l’évolution du cerveau.
Vers une meilleure compréhension du lien entre guérison et spiritualité
Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour étudier comment les blessures et les lésions cérébrales peuvent affecter les croyances. Michael Ferguson se dit curieux d’explorer davantage cette cartographie spirituelle, et notamment de comprendre comment la guérison et la spiritualité peuvent s’éclairer mutuellement.
Au-delà de l’intérêt scientifique, ces travaux invitent à réfléchir sur la place de la spiritualité dans nos vies et dans nos sociétés. Loin d’être une simple chimère ou une construction culturelle, la quête de sens semble avoir des racines biologiques profondes, inscrites dans les structures les plus anciennes de notre cerveau.
Reste à savoir comment cette découverte pourra être mise à profit pour mieux comprendre et accompagner les personnes confrontées à des questionnements existentiels ou à des crises spirituelles. Une chose est sûre : la science n’a pas fini de nous éclairer sur les mystères de l’âme humaine.