Le 8 novembre dernier, Akshay Nanavati, un vétéran des Marines américains, s’est lancé dans un défi que beaucoup qualifieraient d’impossible, voire de complètement fou, mais néanmoins incroyable. Il a entamé une expédition en solitaire de 110 jours à ski pour traverser l’Antarctique d’une côte à l’autre, parcourant 2700 kilomètres tout en tirant derrière lui un traîneau de 180 kilos de provisions, repoussant ainsi les limites de l’endurance humaine.
Pas de chiens de traîneau, pas de cerf-volant de traction, juste lui face à l’un des environnements les plus hostiles que Dame Nature puisse offrir. Cela peut sembler un véritable enfer pour la plupart des gens, mais pour Akshay, c’est précisément la raison de le faire. Il accueille la souffrance, on pourrait même dire qu’il la recherche activement. Selon lui, cela fait partie de son voyage pour mériter cette vie qui lui a été offerte.
Une préparation intense de quatre ans
Cette expédition, baptisée « La Grande Traversée de l’Âme », est l’aboutissement de quatre années de préparation intense pour ce qui va très certainement tester ses limites physiques et mentales comme jamais auparavant. De plus, s’il réussit, il battra plusieurs records du monde Guinness.
Akshay décrit l’Antarctique comme « l’un des environnements les plus hostiles et impitoyables de la planète, le continent le plus froid, le plus sec et le plus venteux ». Tout au long de ce périple éprouvant, il skiera jusqu’à 12 heures par jour avec des températures pouvant descendre jusqu’à -40°C. Il ne comptera que sur son entraînement, son équipement et sa force mentale pour mener à bien cette traversée du continent gelé.
Le défi de l’isolement complet
Outre les conditions météorologiques extrêmes, Akshay devra faire face à un autre défi de taille : l’isolement complet pendant près de quatre mois. « À part un coin de l’Antarctique où il y a des manchots, il n’y a pas de vie dans tout le reste », explique-t-il. « Donc pendant une grande partie du voyage, je serai géographiquement la forme de vie la plus isolée de toute la planète. »
Ce ne sera pas la première fois qu’il sera confronté à une solitude totale. Pour se préparer à cet exploit, il a effectué des retraites dans l’obscurité. « Vous ne pouvez pas voir votre main devant vous, c’est le noir complet », raconte-t-il alors qu’il restait complètement seul dans une petite pièce sombre pendant 10 jours.
Du champ de bataille aux confins de la Terre
Akshay n’a pas toujours été l’explorateur intrépide qu’il est aujourd’hui. Après s’être engagé chez les Marines à 18 ans, il a été déployé en Irak où il a passé sept mois dans l’un des rôles les plus dangereux : marcher devant les convois de véhicules pour localiser les explosifs avant qu’ils ne puissent détoner.
De retour au pays, il a lutté contre le syndrome de stress post-traumatique, la dépression et l’alcoolisme, des épreuves qui l’ont mené au bord du suicide. Il attribue son rétablissement à une quête inlassable d’étude des neurosciences et de la psychologie pour guérir son propre cerveau et explorer le potentiel illimité de l’être humain par tous les moyens possibles.
La philosophie Fearvana
Au fil de ces épreuves, Akshay a développé sa philosophie de « Fearvana » – qui est aussi le titre de son premier livre – l’idée que la peur, la douleur et la souffrance peuvent être des catalyseurs de croissance et de transformation. Cet état d’esprit a été essentiel dans sa préparation à l’isolement extrême et aux défis de son expédition en Antarctique.
Un entraînement physique et mental rigoureux
Vivant en Arizona avec son épouse Melissa, une grande partie de l’entraînement d’Akshay au cours de ces quatre années ne s’est pas déroulée sur la neige. Alors qu’il passait des mois dans des climats nordiques comme l’Alaska et dans des pays comme l’Islande, la Norvège, le Groenland et l’Antarctique, l’essentiel de sa préparation s’est fait dans le désert.
Il a simulé la traction d’un traîneau en tirant plusieurs pneus en boucle autour d’un parc de Scottsdale pendant des heures, sous une chaleur torride de plus de 40°C pendant l’été. Il a également travaillé avec un spécialiste certifié de la force et du conditionnement physique, Greg Pignataro, qui a intégré de nombreux exercices pouvant être qualifiés d' »inhabituels » pour renforcer ses tissus conjonctifs (tendons et ligaments).
En Norvège, il s’est entraîné avec Lars Ebbesen pour maîtriser sa technique de ski, un élément souvent négligé mais crucial pour économiser d’énormes quantités d’énergie. La monotonie mentale sera l’une des parties les plus difficiles, à regarder le même paysage enneigé encore et encore. Il n’y aura aucun stimulus pour distraire l’esprit.
Une nutrition sur mesure
Akshay prévoit de consommer jusqu’à 5 800 calories par jour pour compenser les 8 000 à 10 000 kcal qu’il brûlera quotidiennement. Chaque repas et en-cas a été soigneusement conçu pour répondre à des besoins spécifiques en macronutriments qui le nourriront jour après jour, tout en étant savoureux. Il a même fait créer un complément alimentaire personnalisé contenant une large gamme de vitamines et de micronutriments.
Un soutien inconditionnel
Cette expédition a nécessité une planification et une préparation financières approfondies, avec un coût global de plus de 1,1 million de dollars. Le financement a été obtenu grâce à des contributions personnelles et publiques, avec un incroyable réseau de soutiens se ralliant autour d’Akshay, notamment des amis, de la famille et des inconnus inspirés par sa mission.
Melissa, sa femme, se prépare à cette séparation par sa propre version de l’entraînement mental. Elle s’est engagée à soutenir Akshay de loin tout en relevant ses propres défis, qualifiant cette période de sa propre « traversée de l’âme » en écho symbolique au voyage de son mari.
Pendant qu’Akshay traversera l’étendue glacée de l’Antarctique, ceux restés à la maison, y compris sa famille, ses amis et ses supporters, pourront suivre ses progrès en temps réel grâce à un tracker GPS. Il partagera périodiquement des mises à jour vocales, capturant ses pensées et expériences en Antarctique, offrant à tous une rare fenêtre sur l’endurance mentale et physique requise pour un défi aussi extraordinaire.