En cette fin octobre, les rues de Tbilissi, capitale de la Géorgie, se préparent à vibrer au rythme des aspirations européennes. À l’appel de plusieurs ONG, dont Georgia’s European Orbit et la coalition « My Voice to the EU », des milliers de Géorgiens sont attendus dimanche pour un grand rassemblement pro-européen. L’enjeu est de taille : démontrer la volonté du peuple pour un avenir ancré à l’Ouest, à quelques jours d’élections législatives cruciales.
Un scrutin aux allures de référendum
Les élections du 26 octobre s’annoncent en effet comme un véritable choix de société pour la Géorgie. Face à face : une alliance inédite de l’opposition pro-occidentale et le parti conservateur au pouvoir, Rêve géorgien. Ce dernier, malgré son nom évocateur, est accusé par Bruxelles de faire dérailler le projet d’adhésion du pays à l’Union européenne en glissant vers l’autoritarisme.
Un sentiment partagé par la présidente Salomé Zourabichvili, pourtant pro-occidentale, qui a déclaré sa participation au rassemblement de dimanche. Selon elle, cette manifestation « démontrera la volonté du peuple pour la liberté, l’indépendance et un avenir européen ». Un message fort alors que plus de 80% des Géorgiens soutiennent l’adhésion à l’UE et à l’Otan, un objectif inscrit dans la Constitution.
Bruxelles s’inquiète, la société civile se mobilise
Mais les signaux envoyés par le gouvernement géorgien ces derniers mois ont de quoi inquiéter. Au printemps, l’adoption d’une loi controversée sur l' »influence étrangère » visant la société civile a déclenché des manifestations massives et poussé Bruxelles à geler le processus d’adhésion. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a même mis en garde contre un « glissement vers l’autoritarisme » du parti au pouvoir.
Face à ces menaces, la société civile géorgienne refuse de rester les bras croisés. « En choisissant l’unité, le développement et l’Union européenne, les Géorgiens montreront leur détermination à poursuivre le chemin de l’adhésion à l’UE », affirment les organisateurs du rassemblement sur Facebook. Une mobilisation cruciale à l’heure où les sondages prédisent une possible victoire de l’opposition, qui pourrait alors former un gouvernement de coalition en remplacement de Rêve géorgien.
Entre espoirs démocratiques et menace russe
Au-delà des enjeux de politique intérieure, ce scrutin s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Rêve géorgien a été accusé de se rapprocher de Moscou, en particulier depuis l’invasion de l’Ukraine. Une dérive inquiétante pour ce pays du Caucase qui avait payé au prix fort ses velléités d’indépendance vis-à-vis de la Russie lors de la guerre éclair d’août 2008.
Face à ces défis, les Géorgiens sont plus que jamais déterminés à ancrer leur pays dans la famille européenne. Le rassemblement de dimanche en sera une démonstration éclatante, à l’image de ces milliers de drapeaux européens et géorgiens qui devraient colorer les rues de Tbilissi. Un message d’espoir et de résistance, porté par une société civile résolue à défendre les valeurs démocratiques chèrement acquises.
Car au-delà du résultat des urnes, c’est bien l’avenir de la Géorgie qui se joue. Un avenir européen, démocratique et libre, pour lequel tout un peuple est prêt à se battre. Les élections du 26 octobre seront décisives, mais la mobilisation citoyenne, elle, ne fait que commencer.