Amateurs de spiritueux et de découvertes gustatives, laissez-vous tenter par le soju ! Cet alcool coréen méconnu s’impose pourtant comme la boisson la plus vendue au monde, loin devant le whisky, la vodka ou le rhum. Prêts à percer les secrets de son succès fulgurant ?
Aux origines du soju
L’histoire du soju remonte au 13ème siècle, lorsque les Mongols envahissent la péninsule coréenne. Ils apportent avec eux des techniques de distillation apprises au Moyen-Orient, similaires à celles utilisées pour le scotch single malt ou le cognac. Le « soju », qui signifie littéralement « alcool brûlé », était alors élaboré uniquement à partir de riz. Titrant entre 40 et 50°, il était produit de manière artisanale aux quatre coins du pays.
Au fil des siècles, le soju devient la boisson nationale de la Corée. Mais au 20ème siècle, des pénuries de riz et des évolutions réglementaires bouleversent sa production. Exit le riz, place à l’orge, la pomme de terre, le blé, le tapioca. Pour augmenter les profits, on le dilue, on l’adoucit, on l’aromatise. C’est la naissance du soju moderne, un alcool plus doux et fruité, descendant parfois à seulement 15°.
Renaissance des sojus premium
Aujourd’hui encore, les sud-coréens sont les plus gros consommateurs de soju au monde avec 9 litres par an et par habitant. Mais les sojus industriels bon marché n’ont plus le monopole. Depuis la levée de l’interdiction d’utiliser du riz en 1999, des distilleries artisanales font renaître le soju traditionnel. Plus riches en alcool, ces crus d’exception allient savoir-faire ancestral et qualité des ingrédients.
Soju vs saké : attention à ne pas les confondre
Le soju coréen est souvent comparé au saké japonais. Pourtant, mis à part le riz qui entre dans leur composition, tout les oppose. Le saké est un vin de riz fermenté comme la bière, alors que le soju est un spiritueux distillé comme la vodka. Du côté coréen, l’équivalent du saké serait plutôt le makgeolli, un vin de riz pétillant et légèrement sucré.
L’art de déguster le soju
En Corée, le soju se boit cul-sec dans de petits verres qu’on remplit au fur et à mesure. Un rituel codifié veut que l’hôte serve son invité le plus âgé en premier. On trinque en disant « geonbae », soit « cul-sec », puis on vide son verre d’une traite avant de le tendre pour un nouveau service. Seul l’hôte a le droit de se resservir. Prudence donc avec les sojus les plus forts en alcool !
Le cocktail soju-yakult, à base d’une boisson probiotique japonaise, séduit les jeunes coréens.
Kyungmoon Kim, expert en soju
Des cocktails taillés pour l’apéro
Le soju se prête aussi à de savoureux mélanges. Le plus populaire est sans doute le somaek, contraction de soju et de maekju, « bière » en coréen. Il suffit de laisser tomber un shot de soju dans un verre de bière, à la manière d’une boilermaker. Le soju remplace aussi la vodka à merveille dans la plupart des cocktails, du martini ou bloody mary. Les sojus à l’orge grillée feront de délicieux highballs, tandis qu’un soju au pin s’imposera dans un gin tonic.
À la conquête de l’international
Dynamisés par la popularité grandissante de la culture coréenne, les exportations de soju explosent. En pole position, la marque Jinro, qui représente à elle seule la moitié des ventes de soju en Corée du Sud et s’affiche comme le spiritueux le plus vendu au monde. Ses bouteilles vert pâle, synonymes de « soju classique », s’invitent désormais jusque dans les bars branchés de New York, Paris ou Berlin. De quoi aiguiser la curiosité des amateurs d’alcools du bout du monde !
Nos recommandations de dégustation
- Jinro Is Back : le retour aux sources du leader Jinro, dans une bouteille bleu ciel rétro. Frais et neutre, idéal pour débuter.
- Seoul Night : distillé à partir de prunes mûres puis filtré à froid, pour des notes florales et une finale sèche.
- Damsoul Pine Soju : l’alliance unique du riz, des aiguilles de pin et du thé d’épicéa, subtilement epicé en bouche.
- Samhae Soju : jadis réservé à l’aristocratie coréenne, l’un des sojus les plus prisés et traditionnels du marché.
Le soju n’a pas fini de nous surprendre. De l’apéritif au digestif, cet alcool venue de Corée se révèle d’une incroyable versatilité. Laissez-vous guider par vos envies, osez les accords, apprivoisez son caractère… Une délicieuse façon de voyager depuis son canapé !
