L’endométriose, cette maladie gynécologique chronique qui touche près de 10% des femmes, reste encore trop souvent méconnue et sous-diagnostiquée. Pourtant, elle est la cause de douleurs invalidantes et d’une altération significative de la qualité de vie pour des millions de femmes à travers le monde. Alors, qu’est-ce que l’endométriose exactement ? Quels en sont les symptômes, les causes et les traitements possibles ? Faisons le point.
L’endométriose en quelques chiffres clés
Avant de rentrer dans le vif du sujet, voici quelques données pour mieux comprendre l’ampleur de cette maladie :
- 1 femme sur 10 est atteinte d’endométriose, soit 180 millions dans le monde
- Le diagnostic est posé en moyenne 7 ans après l’apparition des premiers symptômes
- 40% des femmes infertiles souffrent d’endométriose
- La maladie est la première cause d’hospitalisation en gynécologie
Qu’est-ce que l’endométriose ?
L’endométriose se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. Ce tissu « égaré » se comporte comme l’endomètre : il s’épaissit, saigne et desquame à chaque cycle menstruel. Mais bloquées à l’intérieur du corps, ces lésions entraînent douleurs, adhérences et kystes. Les organes les plus fréquemment touchés sont les ovaires, les trompes, le péritoine, la vessie et les intestins.
Les symptômes de l’endométriose
Les manifestations de la maladie sont variables d’une femme à l’autre, mais on retrouve le plus souvent :
- Des règles très abondantes et douloureuses (dysménorrhées)
- Des douleurs pelviennes chroniques, même en dehors des règles
- Des douleurs pendant ou après les rapports sexuels (dyspareunie)
- Des troubles digestifs (ballonnements, diarrhées, constipation)
- Une fatigue chronique, des troubles de l’humeur
- Une difficulté à concevoir un enfant (infertilité)
Certaines formes d’endométriose peuvent être asymptomatiques. A l’inverse, la maladie peut être très invalidante au quotidien, nécessitant la prise d’antidouleurs puissants.
Les causes de l’endométriose
A ce jour, les causes exactes de la maladie ne sont pas connues. Plusieurs théories existent, impliquant des facteurs génétiques et environnementaux :
- La théorie du reflux menstruel : les menstruations refluent par les trompes
- Un dysfonctionnement immunitaire empêchant l’élimination du tissu endométrial
- La transformation de tissu péritonéal en tissu endométrial sous l’effet d’hormones
- La propagation de cellules endométriales par le système sanguin ou lymphatique
Des facteurs de risque comme les antécédents familiaux, les premières règles précoces ou l’absence de grossesse sont également identifiés.
Le diagnostic de l’endométriose
Le diagnostic de l’endométriose repose sur un faisceau d’arguments cliniques, d’imagerie et chirurgicaux :
- L’interrogatoire médical et l’examen gynécologique
- L’IRM pelvienne et l’échographie endovaginale
- La cœlioscopie, seul examen permettant un diagnostic de certitude
En cas de suspicion d’endométriose, un bilan d’infertilité est également recommandé au couple.
Les traitements de l’endométriose
La prise en charge de l’endométriose repose sur deux axes : le traitement médical et le traitement chirurgical. L’objectif est de soulager la douleur et de préserver la fertilité.
Le traitement médical fait appel à :
- La pilule œstroprogestative en continu pour bloquer les cycles
- Des progestatifs (hormone de synthèse) comme le Lutényl
- Des agonistes de la Gn-RH induisant une ménopause artificielle
- Des antidouleurs (paracétamol, AINS, opiacés) et infiltrations
La chirurgie, réalisée par cœlioscopie, permet de retirer les lésions visibles et d’améliorer les symptômes et la fertilité. Mais des récidives sont possibles.
A côté de ces traitements classiques, des approches complémentaires comme l’ostéopathie, l’acupuncture, la sophrologie ou une alimentation anti-inflammatoire peuvent aider à mieux vivre avec la maladie au quotidien.
En conclusion, bien que l’endométriose reste encore une maladie énigmatique, la recherche progresse chaque jour pour mieux la comprendre et la prendre en charge. Briser le tabou qui pèse encore sur cette pathologie est un enjeu majeur pour faire reconnaître le retentissement de cette maladie sur la vie des femmes.