Au cœur de l’hiver, quand les nuits sont les plus longues, les Iraniens célèbrent Yalda, le solstice d’hiver. Familles et amis se réunissent autour d’une table garnie de mets symboliques, attendant avec impatience le retour de la lumière. Parmi ces délices, une douceur colorée attire tous les regards : le pomegranate masghati, un entremets à base de jus de grenade aussi beau que savoureux.
Un dessert entre panna cotta et gelée
Le masghati est un dessert typique de la cuisine persane qui se situe à mi-chemin entre une panna cotta et une gelée de fruits. Plus raffiné et délicat qu’une simple gelée, il n’a pas pour autant la texture crémeuse et tremblotante de la panna cotta italienne. Sa consistance unique en fait une douceur légère et rafraîchissante, idéale pour clore un repas copieux.
Traditionnellement parfumé à l’eau de rose, le masghati peut se décliner en différentes saveurs selon les régions d’Iran. Ma recette met à l’honneur la grenade, fruit star de la fête de Yalda, auquel on attribue des vertus symboliques. Avec sa couleur rouge intense et ses innombrables graines, la grenade représente l’aube écarlate, la lumière qui triomphe des ténèbres les plus profondes.
Les secrets d’un masghati réussi
Pour obtenir un pomegranate masghati digne de la fête de Yalda, il est essentiel de choisir un jus de grenade de qualité, si possible fraîchement pressé et non sucré. La saveur naturelle et acidulée de la grenade doit primer, le sucre n’étant là que pour apporter une touche d’équilibre. Démarrez avec la quantité de sucre recommandée, puis ajustez selon vos préférences en veillant à ne pas masquer le goût du fruit.
Autre ingrédient clé : la fécule de maïs, qui remplace ici l’amidon de blé utilisé dans les foyers iraniens. Plus facile à trouver, elle donne au masghati une texture lisse et fondante sans pour autant l’alourdir. Mélangez-la soigneusement au jus de grenade avant de porter à ébullition pour éviter la formation de grumeaux.
Une touche de poésie
Laissez libre cours à votre créativité au moment du dressage en parsemant votre pomegranate masghati de grains de grenade, d’éclats de pistaches et de pétales de rose séchés. Ces touches colorées apporteront une dimension poétique à votre dessert, à l’image de la fête de Yalda où l’on récite des vers du célèbre poète persan Hafez.
Vous pouvez préparer le masghati à l’avance et le conserver au réfrigérateur jusqu’au moment de servir. Sa fraîcheur et sa légèreté en font un dessert estival aussi agréable qu’un sorbet, à déguster à la petite cuillère en prenant le temps de savourer chaque bouchée.
Yalda, une célébration de la lumière
En Iran, Yalda symbolise la victoire de la lumière sur l’obscurité. Les familles se rassemblent autour d’une table basse recouverte de différents mets, fruits secs, sucreries et boissons chaudes pour tenir jusqu’à l’aube et accueillir le retour du soleil.
Fruits | Pastèque, grenade, oranges, kakis… |
Fruits secs | Noix, pistaches, amandes, noisettes… |
Sucreries | Masghati, halva, nougat, pâte d’amande… |
On y raconte des histoires, on y récite de la poésie, notamment des vers de Divan-e Hafez, recueil du célèbre poète persan Hafez. C’est dans cette ambiance chaleureuse et conviviale que le pomegranate masghati trouve sa place, avec sa couleur flamboyante qui évoque un soleil levant.
Après toutes ces années, le souvenir des Yalda de mon enfance en Iran reste gravé dans ma mémoire, indissociable du goût acidulé des grenades que mon père pressait à mains nues. C’est un peu de cette nostalgie, de ces moments de partage et de douceur que j’ai voulu transmettre dans ma recette de pomegranate masghati.
Cette année encore, le 21 décembre, nous prendrons le temps de croquer quelques grains de grenade, de parsemer notre masghati de pistaches et de pétales de rose, pour célébrer la lumière qui sommeille en chacun de nous. Un geste simple, comme une promesse d’espoir et de renouveau.