À l’approche d’élections législatives cruciales en Géorgie, des organisations non gouvernementales ont lancé un appel à un grand rassemblement pro-européen ce dimanche dans la capitale Tbilissi. Ce scrutin très attendu du 26 octobre est vu comme un véritable référendum entre un avenir européen ou un rapprochement avec la Russie pour ce pays du Caucase.
Une alliance inédite de l’opposition face au parti au pouvoir
Pour la première fois, les principales forces d’opposition pro-occidentales ont décidé de s’unir contre le parti conservateur Rêve géorgien, qui dirige le pays depuis 2012. Ce dernier est accusé par Bruxelles de dérive autoritaire et de freiner le processus d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne.
La présidente Salomé Zourabichvili, elle-même pro-européenne mais en conflit avec le gouvernement, a annoncé sa participation à la manifestation de dimanche. Selon elle, ce rassemblement « démontrera la volonté du peuple pour la liberté, l’indépendance et un avenir européen ».
Cinq points de ralliement à travers la capitale
Les ONG organisatrices, parmi lesquelles Georgia’s European Orbit et la coalition « My Voice to the EU », ont donné rendez-vous aux Géorgiens en cinq endroits différents de Tbilissi. Les cortèges doivent ensuite converger vers 19h (15h GMT) sur la place centrale de la Liberté.
Leur objectif est clair : afficher une Géorgie unie et résolue sur la voie européenne à quelques jours d’un scrutin présenté comme décisif pour l’avenir du pays.
Le processus d’adhésion gelé par Bruxelles
Le gouvernement géorgien a provoqué la colère de l’Union européenne au printemps en faisant adopter par le Parlement une loi controversée sur les « agents de l’étranger » visant les ONG. Accusée d’être inspirée par une législation russe liberticide, cette loi a déclenché d’importantes manifestations antigouvernementales.
En réaction, Bruxelles a gelé le processus d’adhésion de la Géorgie, tandis que Washington imposait des sanctions à des dizaines de responsables géorgiens. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a récemment mis en garde contre une « dérive autoritaire » du parti Rêve géorgien.
L’adhésion à l’UE et l’OTAN inscrite dans la Constitution
Malgré ces tensions, l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN reste un objectif inscrit dans la Constitution géorgienne. Selon des sondages, elle est soutenue par environ 80% de la population.
Les dernières enquêtes d’opinion laissent entrevoir la possibilité que l’opposition obtienne une majorité de sièges au Parlement. Elle pourrait alors former un gouvernement de coalition et évincer le parti Rêve géorgien, contrôlé dans l’ombre par le puissant oligarque Bidzina Ivanishvili.
Mais le risque de troubles est réel si le pouvoir tente de s’accrocher coûte que coûte en cas de défaite, avertissent les analystes. Le rassemblement de dimanche vise donc aussi à maintenir la pression sur les autorités pour garantir la transparence et le respect du choix des électeurs.
Ces élections législatives du 26 octobre constitueront un test démocratique majeur pour la Géorgie, comme l’a souligné Josep Borrell. L’avenir européen du pays, à la croisée des chemins entre Occident et Russie, en dépendra largement.