Pendant des décennies, la société a encouragé les femmes à se faire toutes petites – en définissant la beauté par des chiffres sur une balance et en idéalisant la taille zéro. Cependant, ces dernières années ont vu un changement prometteur vers la célébration des corps plus grands et plus musclés. Cette évolution enthousiasmante de la diversité corporelle place néanmoins les athlètes féminines à une intersection unique d’exigences.
Pas immunisées contre les pressions sociétales
Si elles veulent exceller dans leur sport, que ce soit la gymnastique, le basket, le tennis ou autre, les athlètes ont besoin de muscles. Beaucoup de muscles. Mais elles ne sont pas pour autant immunisées contre la pression sociétale d’être le plus mince possible, même si cela compromet inévitablement leurs performances. Ce grand écart entre les deux exigences pèse lourdement sur la santé mentale des jeunes athlètes féminines.
Définir la beauté à un jeune âge
Sloane Stephens, joueuse de tennis professionnelle américaine, explique avoir grandi avec un incroyable modèle de beauté en la personne de sa grand-mère. Cette dernière lui a transmis une routine de soins simple mais régulière : se laver le visage le soir, mettre de la crème solaire le matin et montrer du respect à son corps en en prenant soin.
Cependant, cette vision unique de vouloir ressembler aux meilleures athlètes n’a pas duré éternellement. Avec l’exposition aux médias valorisant les corps minces plutôt que forts, de nombreuses jeunes filles comme Alice Merryweather se sont senties tiraillées entre différents standards de beauté, rendant difficile de comprendre ce que signifie vraiment être belle.
Équilibrer performance et image corporelle
Les femmes dans le sport ne sont pas à l’abri des préoccupations liées aux « normes corporelles », même si elles rejettent la devise typique « mince = mieux ». Chaque discipline apporte son lot de défis en termes d’image corporelle et de morphologie « idéale ». Cette focalisation exacerbée sur le physique, de la part des entraîneurs, des commentateurs et des fans, rend les athlètes hyper-conscientes de leur apparence.
- En ski alpin, plus on est lourd, mieux c’est pour ce sport de gravité, en opposition directe avec ce qu’enseignent les réseaux sociaux.
- Au tennis, la mode est discutée au même titre que la performance, ajoutant une pression unique.
Alice Merryweather confie ainsi avoir développé de l’anorexie en 2020, conséquence de toutes ces pressions et messages contradictoires. En reprenant le ski après des mois de lutte, ses performances s’étaient effondrées, preuve que les restrictions alimentaires n’étaient pas si saines que ça. Elle a alors réalisé qu’elle était loin d’être seule dans ce combat, les troubles alimentaires étant extrêmement répandus et souvent non diagnostiqués chez les sportives.
Apprendre à aimer son corps sous toutes ses formes
Pour la plupart, l’état d’esprit est au cœur de la véritable acceptation et de l’amour de son corps. Ilona Maher, rugbywoman olympique américaine, ne se sent plus coupable de manger car elle utilise ces repas pour être grande et puissante comme son sport l’exige. Cela ne l’empêche pas d’embrasser aussi sa féminité, estimant qu’il n’est pas nécessaire de la sacrifier pour pratiquer un sport traditionnellement très « masculin ». Le sport donne en effet à son corps un but autre que d’être regardé et objectivé.
En fin de compte, le corps d’une athlète est la machine dont elle a besoin pour faire son travail. Faire preuve d’amour et de respect envers lui en fait donc partie intégrante. Il faut aussi se rappeler qu’on ne devrait pas avoir l’air de quoi que ce soit de particulier, comme le souligne le compagnon d’Alice Merryweather. Un mantra simple mais parfaitement efficace pour court-circuiter les pensées intrusives.
Faire de la santé mentale une priorité
Malgré toute l’attention portée au sport féminin ces dernières années, les soins prodigués aux athlètes en coulisses doivent suivre le rythme. Riley Nickols, psychologue du sport, insiste sur le fait que les dirigeants sportifs doivent comprendre que la santé mentale est indissociable de la santé physique, de l’expérience sportive et des performances. Il préconise d’allouer davantage de ressources à l’embauche de professionnels de santé mentale. Les entraîneurs doivent aussi éduquer leurs athlètes sur les réalités du sport, de la santé et de l’image corporelle, en parlant ouvertement des troubles alimentaires.
Un avenir plein d’espoir
En regardant le chemin parcouru en termes de sport féminin, de santé mentale et de prise de conscience corporelle, il y a de quoi être optimiste. Sloane Stephens espère que les jeunes athlètes féminines feront leur entrée dans une société offrant davantage de conversations ouvertes et d’acceptation, reconnaissant que nos corps sont uniques et que nous n’avons pas à les cacher ou à les réprimer pour répondre aux attentes des autres. Un futur où la fonction primera enfin sur la forme.