Le football est le sport le plus populaire au monde, mais derrière les exploits athlétiques et l’excitation des matchs se cache une inquiétude grandissante pour la santé à long terme des joueurs, en particulier en ce qui concerne le risque de démence. Une nouvelle étude menée par l’Université de Glasgow vient renforcer les preuves d’un lien étroit entre les coups de tête répétés et le développement de troubles neurodégénératifs, indépendamment des autres facteurs de risque.
L’étude FIELD : une plongée dans la santé des footballeurs
Lancée en 2019, l’étude FIELD (Football’s InfluencE on Lifelong health and Dementia risk) est un projet ambitieux visant à explorer les effets à long terme de la pratique du football sur la santé des joueurs professionnels. Menée par une équipe de neuropathologistes et de professeurs renommés, cette recherche apporte un nouvel éclairage sur les conséquences des chocs à la tête répétés.
Méthodologie rigoureuse et résultats significatifs
Les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de 11 984 anciens footballeurs professionnels et les ont comparés à ceux de 35 952 personnes n’ayant jamais pratiqué ce sport à haut niveau. Ils ont examiné les principaux facteurs de risque modifiables de la démence, tels que le tabagisme, les troubles liés à l’alcool, le diabète, l’obésité, les troubles de l’audition et l’hypertension.
Les résultats sont sans appel : les facteurs de risque généraux pour la santé étaient similaires ou inférieurs chez les anciens footballeurs professionnels, mais la prévalence de la démence était nettement plus élevée dans ce groupe. Cette constatation amène l’équipe de recherche à penser que les impacts, comme les têtes, sont plus susceptibles d’avoir un lien de causalité avec la démence.
Des preuves qui s’accumulent au fil des années
Cette nouvelle étude vient s’ajouter à un corpus croissant de preuves sur les risques encourus par les footballeurs professionnels. En 2019, l’étude FIELD avait déjà démontré que ces athlètes avaient un taux de mortalité 3,5 fois plus élevé dû à des maladies neurodégénératives. Puis, en 2021, il a été établi que plus la carrière d’un footballeur professionnel était longue, plus le risque de développer une démence était important.
Vers une évolution des règles du jeu ?
Face à ces constats alarmants, de nombreux groupes, comme « Head Safe Football », cherchent à sensibiliser aux dangers des têtes répétées. Cependant, un simple changement de règles s’avère être un véritable défi. Non seulement de nombreux fans s’opposent à l’idée de pénaliser les joueurs pour avoir fait une tête, à l’instar des règles déjà en place pour les mains, mais une interdiction mondiale nécessiterait l’accord total de chaque nation ou instance footballistique.
Malgré ces obstacles, des mesures ont déjà été prises, comme l’interdiction de faire des têtes à l’entraînement pour les enfants en Angleterre, en Écosse et en Irlande du Nord. Des voix s’élèvent également pour limiter cette pratique lors des séances d’entraînement des adultes, afin de minimiser le nombre total de chocs subis par un joueur au cours de sa carrière.
Un enjeu de santé publique qui ne peut plus être ignoré
Geoff Hurst, l’homme qui a marqué un triplé lors de la victoire de l’Angleterre en finale de la Coupe du Monde 1966, a apporté son soutien aux appels à la limitation des têtes. Pour lui, il existe un lien fort et indiscutable entre cette pratique et les problèmes de santé à long terme des joueurs.
Face à l’accumulation des preuves scientifiques, il devient de plus en plus difficile pour les instances dirigeantes du football de continuer à ignorer ce problème. Des règles obligatoires, et non de simples recommandations, sont nécessaires pour protéger la santé des joueurs, actuels et futurs. Car au-delà des exploits sportifs, c’est bien le bien-être à long terme des athlètes qui doit primer.
Le lien entre football et démence est désormais solidement établi, grâce notamment aux travaux de l’Université de Glasgow. Il appartient maintenant aux différents acteurs du monde du ballon rond de prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la santé des joueurs, sans pour autant dénaturer ce sport qui passionne des millions de personnes à travers le monde. Un défi de taille, mais qui ne peut plus être remis à plus tard.